Epilogue
Dans ces prospères provinces méridionales
Naquit la fille d'un charitable garde,
Et d'une itinérante en cavale.
Cette dernière était elle-même la fille bâtarde
D'un ancien duc vivant des ces lointaines contrées
Parfois appelées Ascalon. Cette jeune femme
Au cours de ses voyages, rencontra une certaine âme
Fort secourante auquelle elle eut tôt fait de s'enticher.
Une robuste petite fille découla de leur union;
Celle-là même dont la fabuleuse histoire
Vous est contée en la légende de notre association.
Elle grandit dans le temple des multiples miroirs,
Ce temple érigé en l'honneur de la déesse de la vie Dwayna.
Sa mère repartit dans ses errances, son père seul l’éleva,
Jusqu'à l'âge mur, où, suivant sa volonté,
Aux mains des religieux il la confia.
Elle devait alors accomplir le rituel de piété,
Afin de s'élever au rang d'Acolyte de Dwayna,
Et ainsi parfaire sa vie aux dévouements de sa déesse.
La veille de son avènement survint un événement
Qui allait à jamais bouleverser la novice prêtresse:
Dans la province d'Istan existait aussi d'autres manières
De célébrer la bonté des cinq dieux supérieurs.
C'est ce que lui apprit un étrange mendiant
Qui prônait aussi le polythéisme des dévouements;
Dwayna n'était qu'une déesse parmi les quatre autres supérieurs
Se vouer à un culte monothéiste comportait des dangers:
Mieux valait concentrer ses cantiques
Pour tous, car cela montrait une croyance plus dévouée,
Et une ferveur tout aussi prononcée.
Certes, ces pratiques révélaient des déistes ascétiques,
Mais parfois souffrance est de rigueur
Dans l'adulation des créateurs.
« Mais, répondit la jeune fille, quel est cet étrange ordre
Qui fait vœu du polythéisme ? pourquoi jamais
N'ai-je ouï le moindre aspect
Relatant ces pratiques? tout cela sonne désordre."
Le mendiant pour toutes réponses fustigea
Les bienfaits des temples originaux;
Seul l'ermitage comblait les divines eaux
Dans lesquelles nageaient les Dieux, il énonça
Aussi que la solitude et la méditation
Constituaient les véritables raisons de la religion ;
Et que pour le meilleur, certaines privations
Et ascétismes étaient requis. Le retrait
Du monde n'était pas forcément mauvais.
On pouvait très bien subsister, considérant chèvres et biches,
Comme sources d'alimentation. Puis le mendiant conclut
Que ce genre de piété dépassait toutes autres; meilleurs étaient les reclus,
Les ermites; les ascètes, les solitaires; en tous points des Derviches.
Puis le viel homme partit, prétextant une certaine activité,
Laissant la jeune fille seule à ses idées.
Le lendemain, elle se présenta tourmentée à la cérémonie
Car les paroles du badaud l’avaient profondément remuée.
La conviction qu'elle éprouvait jusqu’à maintenant-
s'était évanouie aussi vite qu'elle était arrivée.
Ces intrigants propos fallait-il ignorer ?
Ou reconsidérer la voie où devait se trouver ses dévouements ?
La jeune fille s'effraya même à penser à l'hérésie,
AU moment où les prêtres de Dwayna
Entonnaient leurs rites de sarcats. . -
Le doute n'avait jamais été aussi grand; sacerdoce où apostasie?
Elle chassa rapidement ces honteuses pensées de son esprit
Les divinités étaient la source de toute chose,
Avoir de telles pensées méritait l'expiation; quelle impie
Avait-elle fait durant cet instant de pieuse symbiose.
Furtive reprise elle effectua; elle l'espèra discrète.
Océan de doutes et de tourments charriait
Les acquis qu'avait autrefois la fillette,
Laissant place à un vide empreint de bien trop de paix.
Un éclair traversa le gouffre, le néant reconstitua
Les matières que devaient former son vrai noviciat.
Ses pensées avaient force de raison; elle s'enfuya
Du temple, agrémenté de toutes les fioritures de Dwayna.
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